C’est une des deux nouvelles que la talentueuse Amélie Nothomb a eu la gentillesse de lire en entier. J’ai été très touché par son compliment, d’autant plus qu’elle est une artiste que j’admire beaucoup depuis que je l’ai rencontrée et ai – tardivement – découvert ses livres à la publication de son remarquable Soif :
Désormais, c’est à votre tour de plonger dans cette fiction !
Cette fois-ci, je souhaitais changer radicalement d’ambiance et vous emmener au cœur d’une histoire plus intimiste : le parcours initiatique d’un petit garçon qui quitte subitement la petite enfance.
Vous aurez certainement reconnu dans ce titre une célèbre chanson de Marie Myriam. Si vous avez lu ce que j’ai déjà publié publié dans la section Histoires de ce site, en particulier l’extrait de mon roman Les Portes de Tzakatán, vous savez que je suis adepte de ce genre de clin d’œil – les « œufs de Pâques » comme les appellent les anglo-saxons (la période s’y prête d’ailleurs à merveille, n’est-ce pas ?).
Le parallèle que la chanson établit entre l’oiseau et l’enfant convenait très bien à mon histoire, tout comme l’ouverture au monde et la prise de hauteur prônés par cette chanson.
« Plus la parole est rare, plus elle gagne en force. »
Pour le récit en lui-même, c’est « Le papa de Simon » qui m’a inspiré. Il s’agit d’une très belle nouvelle de Guy de Maupassant, que je vous recommande chaudement : au-delà du style magistral de l’écrivain, la tendresse et la profondeur émotionnelle de cette tranche de vie m’ont beaucoup touché. Et ce n’est pas si souvent que ses récits se terminent bien ! Je vous parlerai dans un prochain article des nouvelles de ce merveilleux auteur.
Ainsi, j’ai voulu raconter à mon tour un moment décisif et positif dans la vie d’un enfant : comment s’affranchir du déni, accepter la réalité, lâcher prise sur ses illusions et accueillir une paix libératrice aux tréfonds de soi.
Comme toujours, chacune de mes histoires illustre un aphorisme, une pensée. Ici, j’ai choisi d’aborder un thème profondément méditatif : « la puissance du verbe dépend de la qualité du silence ».
Dans notre époque bruyante, verbeuse et bavarde, on a tendance à oublier les vertus du silence. L’introspection. Le temps de prendre le temps. S’arrêter, observer, réfléchir, envisager un autre point de vue, changer de perspective. Et suivre son intuition.
Plus on se tait, plus les mots qu’on choisit de prononcer ont du sens et de l’importance. Plus la parole est rare, plus elle gagne en force. Et, comme le chante Jean-Jacques Goldman (encore lui !) dans Tu manques, « Y a des qualités de silence comme les étoffes, ou le bois. Des profonds, des courts, des immenses, des que l’on n’entend presque pas. »
« Le défi, pour moi, fut de ralentir le rythme en prenant le temps d’entrer dans la vie de ce petit garçon. »
C’est vrai : parfois, un silence est plus profond ou éloquent que des mots. Il nous force à regarder en nous, à comprendre ce qui nous interpelle – à trouver nous-même la clé de notre labyrinthe intérieur.
Alors, en écrivant cette nouvelle, j’ai longuement écouté en boucle la bande originale de Dune signée Hans Zimmer : une musique torpide qui sait se réveiller brutalement, une brise caressant le sable brûlant, des sons évoquant la langueur pénétrante d’une chaleur accablante. Et la lenteur. Car le défi, pour moi, fut de ralentir le rythme en prenant le temps d’entrer dans la vie de ce petit garçon.
Comme j’aime explorer de nouvelles contrées, j’ai situé cette histoire dans le désert brûlant, à l’extrême orient du continent Warheb Wehib de la planète Tzakatán – le décor de ce recueil et de mon roman. Elle se déroule plus d’un millénaire avant ce dernier, avant même la fondation de l’empire pahalien évoqué dans ma précédente nouvelle Le trésor maudit.
« L’histoire me permet également d’introduire un personnage qui tient un rôle capital dans mon roman. »
À cette époque, les rêves de conquête vers le continent qui verra s’épanouir cet empire quelques décennies plus tard poussent à la guerre. Mais pour chaque soldat tombé, c’est une famille amputée. Derrière l’anonymat d’un uniforme ou le corps d’un bataillon, il y a des individus qui ont toute une vie, un passé, des relations. C’est à ceux qui restent que je m’intéresse ici.
L’histoire me permet également d’introduire un personnage qui tient un rôle capital dans mon roman, et dans toute la saga de cet univers : l’une de ses premières apparitions sur cette planète. Et de pousser un peu plus loin le sens du mystère en évoquant le passé oublié d’une civilisation disparue.
Une famille brisée, un désert caniculaire, une mystérieuse pyramide, un faucon singulier… et un chemin sans retour. Voilà ce qui vous attend dans L’oiseau et l’enfant !